Orient Express : les sorties attendues, les inédits...

HIMIZU

Japon 2011
De Sono Sion
avec Shota Sometani, Fumi Nikaidou,
Tetsu Wakanabe, Mitsuru Fukikushi.

Diffusé en clôture du festival Deauville-Asia, le dernier film de Sono Sion raconte l’errance de Simizu, un adolescent perdu dans un japon ravagé par un Tsunami. Himizu c’est la colère, la rage… Himizu c’est la catharsis d’une population qui sous le masque de la dignité a tût sa douleur. Par ses excès Sono Sion libère une souffrance et une colère traditionnellement étouffées par les conventions japonaises. Dans son film le cinéaste crie pour le peuple japonais.


La mort et la folie submerge le spectateur, dans la continuité déliquescente d’un Suicide Club et ce désespoir virale transmit de génération en génération. Mais cette fois Sono Sion a su faire preuve de retenue dans sa narration (il a mit la pédale douce au niveau du gore), bien qu’Himizu demeure inclassable, voire inénarrable par ses détails et la complexité de ses protagonistes. Je garderais donc pour moi ces détails afin de ne pas spoiler le contenu et la corrosive moelle de cette œuvre nihiliste.


Sono Sion signe ici un nouveau point de non retour dans l’éclatement de la cellule familiale japonaise, soulignant les faiblesses et les épreuves d’une nation frappée par une démographie déclinante et un taux de suicide effarant. Accidentellement d’actualité, le film rebondit sur la catastrophe de Fukushima qui frappa le pays pendant le tournage. Himizu prend alors une valeur testimoniale qui fait resurgir le spectre nucléaire d’un pays hanté par son passé et incertain quant à son futur.

Brillant et éprouvant.





WOMAN KNIGHT OF MIRROR LAKE

Chine 2011
De Herman Yau
Avec Rose Chan, Kevin Cheng,
Terri Doty




L’épopée héroïque et révolutionnaire d'une des grandes figures féministes chinoises, Qiu Jin, et de sa lutte pour l'émancipation des femmes au sein d'une Chine Impériale décadente et sur le déclin. Herman Yau retrace ici la destinée remarquable de cette héroïne de la vrai vie. Une femme qui utilisa l’art des lettres et les secrets du kung fu pour transformer la société.


Poétique et tragique, le film d'Herman Yau, sous les apparats de la fresque historique, démontre également toute la modernité du combat des femmes, encore et toujours d'actualité dans une société masculine insensible à leur souffrance. Subtilement chorégraphié par Tony Leung, le film exploite également toute l'étendue paritaire des arts martiaux chinois.


Apréciable à souligner, Woman Knight of Mirror Lake, fait parti de ces rares films dont la fresque historique a su épargner les spectateurs de toute propagande ultra nationaliste et raciste, malheureusement caractéristique de certains films de la République Populaire de Chine.






CUT
Japon 2011
Réalisateur : Amir Naderi
Avec Hidetoshi Nishijima, Takako Tokiwa,
Takashi Sasano, Shun Sugata, Denden.

Primé dans de nombreux festivals, dont celui de Venise 2011. Le film du réalisateur expatrié Iranien peine à trouver un distributeur à défaut de son public. Cut reste donc pour le moment inédit en DVD dans nos contrées.

Shuji n’a que 12 jours pour honorer une dette qui a coûté la vie à son frère. Menacé de mort par des Yakusas, il choisit une solution extrême pour rassembler l’argent, il décide de devenir un punching-ball humain moyennant rétribution.


Violence, torture et sadisme, bien qu’il ménage de belles pauses intimistes et émouvantes, le film d’Amir Naderi est bien une allégorie tuméfiée du cinéma indépendant (qui n’est pas sans nous rappeler Fist de Tsuya Tsukamoto). Un cinéma expérimental, douloureux, un essai à contre courant de la collectivité commerciale, collectivité à la fois mécène et tortionnaire, à l’instar de ces Yakusas qui maltraitent le héros de leur argent et de leurs poings. Une curiosité accessible et à découvrir.